Bilinguisme

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À la rentrée 2000, un site bilingue a ouvert ses portes à Brumath… Pourquoi ? Pour qui ? Comment ? Les réponses à vos interrogations.

Quelques chiffres (Bas-Rhin)

Les éléments donnés dans ce document s’appuient sur les tableaux de synthèse concernant l’enseignement bilingue paritaire de l’académie du Bas-Rhin pour les années scolaires 1996–1997 à 2001–2002.

L’effectif total actuel des élèves de maternelle et d’élémentaire est de 4429 enfants ce qui représente environ 4,3 % des effectifs. Le tableau ci-dessous les nombres d’élèves par classe et leurs évolutions depuis 1996–1997.

Les effectifs

Niveau 1996–1997 1997–1998 1998–1999 1999–2000 2000–2001 2001–2002
Petite Section 170 270 426 504 481 541
Moyenne Section 415 548 678 773 855 998
Grande Section 199 381 538 623 714 852
CP 146 225 365 488 549 651
CE1 125 142 184 310 436 549
CE2 42 121 121 159 290 405
CM1 7 40 96 113 148 279
Total 1104 1734 2429 3061 3583 4429
% effectif total 1 1,65 2,30 3 3,50 4,30

Les effectifs par classe

Au total le nombre d’élèves a quadruplé depuis la rentrée de 1996. Les sites paritaires publics sont aujourd’hui au nombre de 39 et représentent un nombre total de 186 classes, 89 de maternelle et 97 d’élémentaire. La moyenne d’enfant par classe est donc de 23,8 alors qu’elle est de 24,3 pour le département.

En fait, il y a 26,9 élèves par classe à la maternelle et 21,0 à l’élémentaire. Ce nombre est de plus en plus faible avec l’avancée de la scolarité. Autant il est similaire à la moyenne du département pour la maternelle, autant il diminue avec l’âge des enfants comparé à la moyenne du département.

Année PS MS GS CP CE1 CE2 CM1 CM2
1999–2000 27,49 24,28 26,14 21,81 20,28 23,27 22,60 20,22
2000–2001 24,88 24,90 26,12 20,72 20,93 18,91 17,76 22,00
2001–2002 27,51 26,50 26,91 20,34 21,12 22,71 20,17 21,00
Année Maternelle Élémentaire Total
1999–2000 25,68 21,50 23,91
2000–2001 25,31 20,17 22,82
2001–2002 26,87 21,01 23,81

Source : CDPE67

Réflexion sur le bilinguisme au collège ?

Le site bilingue fonctionne à Brumath depuis plusieurs années. En 2007, les premiers élèves issus de cette filière seront en âge d’entrer en 6e. Il convient dès lors d’anticiper la réflexion sur la poursuite de la filière bilingue au collège de Brumath. Le sujet a été abordé pour la première fois au Conseil d’Administration du collège du 26 mars 2004 par Mme Hanns.

Pour la première génération des enfants du site bilingue, celle qui entre au CE2 en septembre 2004, l’horizon du collège commence à se dessiner doucement.

Lors de la rencontre des représentants de ELTERN67 avec les responsables académiques de la circonscription, Madame Wallstein et Monsieur Drouard, a été évoquée cette préoccupation des parents du site. Rien ne presse certes, mais il vaut mieux prendre les devants pour que se négocie au mieux ce passage délicat du cursus bilingue.

Rappelons qu’ELTERN67 souhaite simplement le respect des 3 principales dispositions de la Convention quadripartite d’octobre 2000 qui organise l’enseignement bilingue en Alsace :

  • le respect de la parité horaire au collège ;
  • la scolarisation secondaire dans le collège de proximité — en l’occurrence Brumath ;
  • l’accès à une LV1 (l’anglais ?) pour les enfants qui le souhaitent.

De son côté, la municipalité est intervenue auprès de l’Inspection académique pour relayer la demande des parents. En l’état, l’Inspecteur d’académie, Jean Laval, a confirmé la volonté de l’Éducation Nationale de mettre en oeuvre la continuité de la filière bilingue au secondaire au collège de Brumath.

Pour que cette continuité s’effectue dans les meilleurs conditions, ELTERN67 a prévu de prendre plusieurs initiatives :

  • la création d’un groupe de réflexion sur le collège bilingue avec des représentants des autres associations de parents d’élèves (FCPE et APEPA) ;
  • l’organisation d’une réunion d’information sur le collège bilingue dès l’automne 2004 ;
  • des rencontres avec les responsables de l’Éducation Nationale en charge de cette question : le principal du collège de Brumath, l’inspecteur régional d’allemand et l’inspecteur général de l’Éducation nationale en charge du pilotage de l’enseignement bilingue en Alsace.

Source : le journal s’Lindenblatt (ELTERN67)

Les facteurs de cohérence d’un enseignement bilingue

L’efficacité d’un enseignement bilingue et la cohérence des apprentissages sont aussi conditionnées par la définition d’un projet d’école et la concertation entre les maîtres concernés.

Le projet d’école

La loi d’orientation du 10 juillet 1989 fait obligation à chaque école d’élaborer un projet définissant les modalités particulières de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux. Le projet d’école est la reconnaissance de « l’espace d’autonomie indispensable aux acteurs du système éducatif pour adapté leurs actions aux réalité du terrain » (circulaire ministérielle du 15 février 1990). C’est un instrument de cohérence de l’action éducative : il s’agit de faire converger toutes les initiatives au service de la réussite du plus grand nombre.

La création d’une classe bilingue suppose l’accord du conseil d’école et s’inscrit naturellement dans le projet d’école. C’est dans ce cadre que sont définis, dans le respect des textes en vigueur, le volume horaire consacré à la langue seconde, l’organisation des enseignements (alternance des enseignements dispensés dans chaque langue fondés sur la demi-journée ou assurée au cours de la demi-journée, section ou classe bilingue), le dispositif d’accompagnement (jumelage avec un jardin d’enfants allemand, présence d’albums allemand au coin lecture ou à la BCD, utilisation de la télévision…), les modalité de l’évaluation.

La mise en place d’un projet bilingue suppose, comme tout projet, une analyse de la situation : demande des familles, possibilité d’organiser à l’école une « voie unilingue » pour respecter le choix des familles non volontaires, compétences des enseignants, ressources de l’environnement ( proximité de la frontière…) présence de dialectophones ou de germanophones, possibilité de réserver une salle à l’enseignement de l’allemand,…

Par ailleurs, conformément à la circulaire du 10 octobre 1993, tout projet bilingue doit comporter deux volets et être sous-tendu par des objectifs clairs dans les deux langues. Pour renforcer la maîtrise du français, il est possible de concevoir l’organisation d’ateliers de langage, une correspondance et des échanges de documents avec le CP, l’intervention de la maîtresse des Petits pendant la sieste pour des actons de soutien, l’aménagement d’un coin écoute (utile aussi en allemand), un journal scolaire… Les actions envisageables ne manquent pas.

La concertation entre les maîtres

Le projet d’école étant défini, les enseignants se concertent lors des réunions des conseils de cycle institutionnalisés par le décret du 6 septembre 1991 pour assurer la cohérence des apprentissages.

C’est en leur sein que sont harmonisés les contenus, les méthodes et les objectifs. C’est pour les maîtres engagés dans les classes bilingues l’occasion de réfléchir à la continuité des apprentissages mais aussi l’occasion de faire le point avec les collègues des classes non bilingues et organiser périodiquement des évaluations communes. Le conseil de cycle peut conseiller le maintien en section bilingue ou le passage en voie unilingue. Lors du passage au cours préparatoire, c’est le conseil de cycle qui décide de la poursuite de la scolarité dans l’enseignement bilingue.

La concertation périodique en conseil de cycle est à compléter par une concertation continue entre les deux maîtres intervenant dans la même classe bilingue. Il ne peut y avoir deux projets pédagogiques différents. Ce serait se condamner à négliger une part importante des objectifs et se contenter de juxtaposer des activités non finalisées par un projet. La fixation de règles établies de manière conjointe et le travail autour d’un projet commun sont indispensables. Il ne s’agit pas de proposer les mêmes situations dans les deux langues mais de veiller à leur complémentarité.

Des expériences d’apprentissage précoce d’une langue par immersion existent ailleurs en France et dans le monde. Elles sont d’un grand intérêt, cependant aucune expérience ne peut constituer un modèle immédiatement transférable.

Les textes officiels

La notion de bilinguisme et de classes bilingues apparaît dans les circulaires officielles au début des années quatre-vingt.

Les circulaires sur l’enseignement des cultures et langues régionales

L’expression « classe bilingue » figure pour la première fois dans la circulaire ministérielle du 21 juin 1982 (circulaire Savary) consacrée à « l’enseignement des cultures et langues régionales dans le service public de l’Éducation Nationale ». Deux types d’expérience sont autorisées :

  • des activités en langue régionale à l’école maternelle et à l’école élémentaire ;
  • un enseignement spécifique de langue à l’école élémentaire à raison d’une à trois heures par semaine.

Le mot « bilingue » n’apparaît qu’une seule fois : il est proposé « d’étudier les conditions dans lesquelles pourraient être créées des classes expérimentales bilingues tenant compte des expériences déjà engagées dans certaines régions ». Aucun horaire n’est précisé. Une seconde circulaire, datée du 30 décembre 1983, précisera les objectifs et la méthodologie de l’enseignement des langues et cultures régionales.

Ces deux textes serviront de cadre à la création, dans le service public, de classes bilingues à parité horaire en Bretagne et au pays basque. En Alsace, plusieurs circulaires de Monsieur le Recteur Deyon (1982, 1985, 1988 et 1990) ont encouragé la prise en compte du dialecte et de la culture régionale à l’école ainsi que le développement de l’enseignement de l’allemand, considéré comme expression écrite et langue de référence de la langue régionale, au CM puis CE2 à partir de 1990. Le mot « bilinguisme » est employé dans l’introduction de la circulaire de 1988 et présenté comme « une richesse qu’il faut préserver ». Il n’est pas question de « classes bilingues ».

La circulaire rectorale du 20 septembre 1991

Les mots « bilingue » et « bilinguisme » n’apparaissent pas plus de deux fois dans cette circulaire rectorale qui porte sur le « développement de l’enseignement de l’allemand dans l’Académie de Strasbourg ». Monsieur le Recteur de Gaudemar fixe trois objectifs :

  • Généraliser l’enseignement de l’allemand au niveau du cycle des approfondissements.
  • Étendre progressivement cette initiation au cycle des apprentissages fondamentaux. Un démarrage au cycle des apprentissages premiers n’étant pas exclu et pouvant être envisagé en fonction des circonstances locales.
  • « Accroître l’immersion linguistique et culturelle des élèves par la mise en œuvre de modules d’enseignement en allemand ». Aux trois heures d’enseignement de l’allemand peuvent s’ajouter trois heures d’enseignement en allemand. Le Recteur n’écarte pas des « expériences marginales de bilinguisme plus poussé dans des conditions à définir ».

Dans la pratique, le terme de « classe bilingue » va recouvrir des situations diverse où interviennent deux notions :

  • celles des modules d’enseignement assurés en allemand ;
  • celle d’un volume horaire qui, en principe, ne devrait pas être inférieur à six heures.

La signature d’une Charte de l’enseignement préélémentaire bilingue entre l’Éducation Nationale et le Département du Haut-Rhin en janvier 1991 consacre l’existence des classes maternelles bilingues à parité horaire dès la petite section avec une possibilité d’intervention de vacataires rémunéré par le Conseil Général, lorsque les enseignants ne peuvent assurer cet enseignement en allemand.

La circulaire du 20 octobre 1993

Ce n’est qu’en 1993 qu’une nouvelle circulaire rectorale est consacrée aux « sites bilingues », expression plus large qui englobe les classes bilingues. Aucun horaire n’est précisé : celui-ci est défini en conseil d’école et validé par l’Inspecteur de la circonscription après accord de l’Inspecteur d’Académie pour la création du site.

Différentes formes de regroupements des élèves sont proposées. On distingue :

  • la classe bilingue, à proprement parler, constitué d’élèves qui suivent tous l’enseignement bilingue ;
  • la section bilingue formée par le regroupement, pour les activité en allemand, des élèves qui suivent l’enseignement bilingue, qu’ils fassent partie ou non d’une même classe ;
  • le groupe bilingue qui est une section bilingue s’adressant à des enfants de niveaux différents.

En ce qui concerne les enseignants, le principe « une langue, un maître » a été retenu : les élèves disposent ainsi d’une personne de référence pour chaque langue. Cela implique que l’enseignant d’allemand utilise exclusivement cette langue en présence des enfants. Les parents et les enfants sont informés de cette « règle du jeu ».

Quant aux objectifs, il est seulement précisé que les élèves des classes bilingues devront atteindre les mêmes compétences en français, langue orale et écrite, que leurs condisciples de la voie « unilingue ».

La circulaire du 20 décembre 1994

La circulaire rectorale du 20 décembre 1994 est entièrement consacrée à l’enseignement bilingue. La finalité assignée à cet enseignement est de conduire les enfants, au terme d’un cursus bilingue continu, à une « bilingualité équilibrée ». Il s’agit de viser l’accès à des « compétences comparables » dans les deux langues.

Cette circulaire comporte trois partie :

  • La première est consacrée à une définition des différents types de sites bilingues (sites à six heures, sites « paritaire », sites bilingues dialectophones).
  • La seconde partie porte sur les objectifs linguistiques : trois domaines de compétences sont visés (compétences de communication, compétences textuelles, compétences métalinguistiques). Il est souligné notamment qu’à l’issu de l’école maternelle, les enfants devront être capables de « tenir le rôle d’interlocuteur dans des types différents de conversation en allemand, de maintenir le contact avec leur partenaire, de le comprendre, de se faire comprendre de lui, de coopérer et de collaborer avec lui pour produire du sens ».
  • Enfin la troisième partie regroupe une série de recommandations en matières de démarches pédagogiques. Elles s’articulent autour de trois idées-forces : mise en œuvre d’une pédagogie active, apprentissage progressif comportant un « droit à l’erreur » et impliquant des phases de structuration, importance d’un environnement adapté permettant de renforcer le statut de l’allemand comme langue de communication.

En fin de compte, le cadre défini par les classes bilingues est relativement souple. Cette souplesse correspond à la volonté de tenir compte de la diversité des situations et de ne pas bloquer les initiatives.

Cette nécessaire souplesse doit cependant aller de pair avec la recherche d’une cohérence de l’action pédagogique.

Le cahier des charges du bilinguisme à Brumath

Une fois prise la décision d’ouverture, la FCPE a participé à la rédaction du cahier des charges du futur site bilingue. Car bien que peu favorable à ce projet, il fut décidé au sein de son conseil local de prendre une part active à ce projet. En effet, d’une part l’ouverture d’un site bilingue semblait réellement correspondre à une demande de parents, d’autre part, et surtout, notre rôle est de veiller à ce que les filières monolingues soient préservées au mieux, en ouvrant le débat sur des notions « d’égalité des chances pour tous les enfants ».

Ce qu’il faut retenir de ce cahier des charges :

  • Le site bilingue est implanté dans une école maternelle de la ville de Brumath, les « Tilleuls ».
  • Toute l’école sera école bilingue. Elle n’accueillera que des enfants qui suivent l’enseignement bilingue.
  • Les enfants sont accueillis par journée entière, alternativement en français et en allemand.
  • L’enseignement se fait à parité horaire : 13 heures en français et 13 heures en allemand. Pour les samedis, il y a un roulement qui est mis en place : un samedi en français puis un samedi en allemand et ainsi de suite.
  • Les enfants sont accueillis dès la section des « petits » dans l’école bilingue, mais ne suivent l’enseignement en allemand qu’à partir de la section des « moyens ».
  • La capacité du site est de 25 à 30 élèves par classe. Une classe bilingue n’est pas ouverte si le nombre de 25 enfants n’est pas atteint.
  • Tous les enfants de Brumath peuvent avoir accès au site bilingue. À l’inscription en maternelle, les parents choisissent donc entre la filière bilingue ou la filière monolingue. La carte scolaire reste en vigueur pour les élèves monolingues. Les enfants des autres communes (y compris de la communauté des communes) ne sont pas acceptés.
  • Au terme de la scolarité en maternelle bilingue, les enfants seront accueillis dans une des trois écoles élémentaires de la ville de Brumath qui deviendra elle-même une école bilingue.
  • Les enfants en grande difficulté, liée uniquement à la compréhension de la langue allemande, pourront, sur avis du conseil des maîtres, quitter le voie bilingue et intégrer le voie monolingue.
  • Dans l’intérêt des enfants, l’engagement écrit des parents sera sollicité dès l’inscription, et ce pour toute la scolarité, maternelle et élémentaire.
  • Le cursus en section bilingue est conçu comme un cursus complet qu’il n’est pas possible d’intégrer en cours de route, sauf dérogation justifiée par le niveau linguistique de l’enfant.

Un peu d’histoire sur le bilinguisme à Brumath

L’efficacité d’un enseignement bilingue et la cohérence des apprentissages sont aussi conditionnées par la définition d’un projet d’école et la concertation entre les maîtres concernés.

1995 : Première tentative

Depuis 1995, un projet de site bilingue, initié par l’Inspection de l’Éducation Nationale, a animé de nombreux débats.

Plébiscité par l’APEPA, critiqué par la FCPE, ce projet n’a pas recueilli à l’époque l’approbation de l’ensemble des partenaires de la communauté éducative, des parents et des responsables de la Commission scolaire de la ville de Brumath. En effet, le maître-mot de la cohérence indispensable à l’efficacité de tout site bilingue, n’était pas suffisamment au cœur des réflexions, et par ailleurs les infrastructures nécessaires n’étaient pas en place.

Le projet devra attendre 1998 pour refaire surface.

1998 : le vrai départ

En novembre 1998, des parents fortement motivés se sont organisés en un « collectif pour le bilinguisme à Brumath », pour entreprendre des démarches qui ont « permis de cristalliser et de fédérer la demande parentale en faveur de l’ouverture d’un site bilingue français-allemand dès la classe maternelle ».

Selon les propos de ce collectif, plus d’une cinquantaine de familles se seraient alors manifestées pour ce projet, notamment les parents des enfants nés en 1995 et 1996. Pour le Conseil Local de la FCPE, ces parents auraient été plus que largement sollicités et encouragés, pour être suffisamment nombreux afin de justifier la demande d’ouverture à l’Inspecteur de la circonscription, qui pouvait à nouveau espérer mettre en place le projet qui avait capoté de 1995.

En février 1999, la municipalité a en partie répondu favorablement à la demande du Collectif en s’engageant pour une ouverture du site en septembre 2000. Monsieur le Député-Maire l’affirmait alors, « l’Inspection Académique a d’ores et déjà pris acte de cet engagement en programmant un poste d’enseignant en allemand pour la rentrée 2000 à Brumath ».

Monsieur l’Inspecteur de la circonscription souhaitait également qu’à terme, chaque année une nouvelle section puisse offre 30 places bilingues. Ce chiffre permettant d’une part de préserver l’égalité des effectifs par classe entre les voies bilingues et monolingues, et d’autre part, de garantir un effectif conséquent par classe bilingue jusqu’à la fin du CM2, sachant qu’un certain nombre d’enfants quittent en cours ce cursus pour des raisons de difficultés scolaires, ou des parents à les soutenir.

Une réunion à la Mairie, avec toutes les parties prenantes (Éducation Nationale, municipalité, associations de parents d’élèves et bien entendu les parents intéressés), a permis de poser clairement les problèmes (sans toutefois toujours obtenir les réponses…). M. Vincent, Inspecteur de la circonscription, a bien précisé aux parents qui souhaitaient inscrire leur enfant en classe bilingue qu’ils prenaient un engagement ferme : pas question de retour en classe monolingue sur simple décision parentale ! Par ailleurs, le site ne s’ouvrirait que s’il y avait au moins 25 élèves inscrits.

Ce quorum ayant été atteint, décision est prise d’ouvrir le site, pour la rentrée 2000.

Colloque FCPE 67 : le bilinguisme, enfin un vrai débat

Après le congrès départemental 2001 qui portait sur l’apprentissage des langues à l’école, la FCPE 67 organisait le 26 janvier 2002 à l’université Louis Pasteur un colloque sur le bilinguisme.

Le bilinguisme s’est mis en place sous sa forme paritaire (13 h d’enseignement en français et 13 h en allemand) qui a éclipsé tous les autres systèmes, et cela sans aucun débat. La FCPE respecte les choix de chacun, pour autant que ses valeurs soient respectées. Pourquoi le bilinguisme n’a-t-il pas fait l’objet d’une phase expérimentale, suivie d’un bilan, avant le déploiement ? Pourquoi l’obligation de l’allemand ?

Ce colloque doit être l’occasion de poser des questions, d’échanger sur le sujet, afin de permettre à la FCPE de définir sa politique en matière de bilinguisme.

Dans un premier temps, Isabelle Trabet (Commission Langues FCPE 67) fait la synthèse des travaux de la commission, et notamment de l’exploitation des questionnaires soumis aux parents (qu’ils aient ou non des enfants en site bilingue) et aux enseignants.

Puis Marc Munschy se fait porte parole des linguistes (les intervenants prévus s’étant malheureusement excusés) sur la problématique de l’enseignement d’une langue étrangère

Faride Hamana, secrétaire général de la FCPE nationale, donne la position de la fédération sur le sujet, en rappelant que si la FCPE est attachée à l’enseignement des langues régionales, il convient de respecter l’égalité de tous devant l’enseignement public et que les problèmes d’affectation de moyens doivent être discutés ; il pose également la question de la compétence linguistique des enseignants.

Michel Jacquot, Directeur d’école et représentant du syndicat UNSA, estime que l’enseignement des langues doit être un enseignement spécialisé, ce qui permet le choix de la langue pour les parents, et respecte l’intégrité du maître sur son métier fondamental.

Enfin, Jean-Christophe Colinet, Inspecteur pédagogique en allemand, évoque la filière bilingue en collège. Il se veut rassurant sur la connaissance des programmes par les élèves issus de sites bilingues paritaire. Quant au principe « une langue, un maître », il considère que s’il est important en petites sections, ce besoin s’assouplit ensuite.

Les participants au colloque, parents d’élèves et enseignants, posent de nombreuses questions et apportent leur témoignage. Un échange intéressant s’établit entre la salle et les intervenants pour donner corps à l’intitulé du colloque « bilinguisme, enfin un vrai débat ? »

L’article paru dans les DNA…

Bilinguisme : la contribution de la FCPE

Le débat sur le bilinguisme est loin d’être clos. La FCPE a apporté hier sa contribution en organisant un débat à Strasbourg.

La FCPE du Bas-Rhin se penche depuis deux ans sur la question du bilinguisme, en Alsace. Ce travail, considérable, justifie peut être le titre ambitieux du colloque qu’elle a organisé hier « le bilinguisme, enfin un vrai débat ! ». Introduite par Didier Kahn, président de la FCPE Alsace, la réflexion a démarré par l’analyse d’une enquête menée l’an dernier par la fédération dans le Bas-Rhin. Elle fait ressortir certaines inégalités engendrées au sein de l’école par le système bilingue paritaire (13 h de français- 13 h d’allemand).

La plus criante concerne les effectifs. Les classes paritaires scolarisent en moyenne 23,8 élèves, alors que la moyenne départemental de situe à 24,3. Le phénomène, sensible en élémentaire, résulte partiellement des abandons qui surviennent en cours de scolarité. « Statistiquement, une petite section paritaire de 30 élèves finit à 23 élèves au CM2 », note Isabelle Traband pour la fédération.

Faride Hamana, secrétaire général de la FCPE nationale, a donné la position de la fédération en la matière. « Nous sommes attachés à l’enseignement des langues régionales, mais dans le cadre de certains principes. » La FCPE refuse l’immersion (système Diwan), veut la liberté de choix des parents et l’égalité de tous devant le service public.

La langue régionale

Michel jacquot, directeur d’école, représentant de l’UNSA-Éducation, est revenu sur la convention qui lie l’État, la Région et les Départements. Dans ce projet, explique-t-il, on trouve à peine trace du dialecte : « La seule langue régionale digne d’être enseignée est l’allemand standard… » On a abandonné « l’idée d’une sauvegarde » de l’alsacien pour s’occuper seulement de « transmettre la langue du voisin ».

Jean-Christophe Colinet, inspecteur pédagogique régionale d’allemand, a cherché à calmer les craintes. En Alsace, le bilinguisme n’est pas communautaire, mais scolaire : il respecte les programmes français, y compris dans les matières enseignées en allemand. L’élève bilingue qui quitte l’académie ne sera donc pas perdu.

Le bilinguisme a de bons résultats, dit J.Ch. Colinet : « En 6e, les professeurs sont frappés par le rapport à la langue des enfants ». Il n’est pas besoin, pour réussir, d’évoluer dans un milieu germagermano-dialectophone : la majorité des élèves sont francophones.

M.S. Source : DNA du 27 janvier 2002

La position de la FCPE à Brumath

Si la FCPE a toujours été favorable à l’enseignement de l’allemand pour tous les élèves, elle s’est souvent montrée plus réservées quant à la création de sites bilingues à parité horaire.

Pourquoi ?

Une des valeurs que nous défendons est « l’égalité des chances pour tous ». Or, nous pensons que les sites bilingues sont des filières élitistes dans lesquelles une poignée d’enfants seulement bénéficient d’une formation poussée en allemand, alors dans les voies unilingues de nombreux enfants n’ont pas la chance de se voir dispenser un enseignement en allemand pourtant intégré aux programmes et malheureusement peu mis en œuvre… faute de moyens ! Moyens qui sont d’ailleurs plus facilement accordés aux sites bilingues…

Nos questions… sans réponse !

Le conseil local de la FCPE à Brumath a toujours soulevé de nombreuses interrogations quand au bien fondé de ces sites. Beaucoup de ses questions sont souvent restées sans réponses. En voici quelques exemples :

  • Quels sont les risques pour l’enfant qui ne maîtrise pas la langue maternelle au moment de son intégration dans le site bilingue ?
  • Les parents sont-ils régulièrement soutenus et conseillés ?
  • Comment sont prises en compte les difficultés qui apparaissent au CP ?
  • Quels sont les avis du recteur concernant les projets de sites bilingues, sachant que de nombreux sites ont déjà échoués ou sont en train de disparaître ?
  • Comment accéder à une parfaite maîtrise de la langue maternelle francophone si le développement de celle ci se fait dans un programme scolaire bilingue ?
  • Comment les parents francophones peuvent-ils aider leurs enfants ?
  • Est-ce aux enfants d’apprendre l’allemand à leur parents ?
  • Existe-t-il des évaluations des sites bilingues par des organismes indépendants ?
  • Pour apprendre une langue il faut des immersions fréquentes dans le pays. Un site bilingue n’implique-t-il pas un véritable investissement financier de la part des parents ?
  • Comment sont réellement pris en charge les enfants en échec, de surcroît devant réintégrer une filière monolingue ?
  • Comment sont gérés les cours à double ou triple niveau dans les sites bilingues ?

Nos convictions

Le conseil local de Brumath estime que par les sites bilingues, les parents demandent plus à l’école que ce qu’elle peut donner. La véritable mission de l’école est la maîtrise de la langue maternelle et l’apprentissage des langues vivantes.

« Un bilinguisme scolaire ne peut réussir que si sociologiquement, idéologiquement, l’idée du monolinguisme n’est pas la manifestation première de l’unité de force d’une nation ». Les langues sont donc un instrument de pouvoir.

Certaines familles estiment injustement qu’il suffit qu’elles soient motivées pour que leur enfant le soit. Mais il est nécessaire que ce soit l’enfant qui soit motivé. Le bilinguisme n’est-il pas un rêve de parents imposé à des enfants qui seront mis en marge d’un système scolaire diversifié ?

Les sites bilingues sont certainement une mode. Mais il sera bientôt temps d’analyser pourquoi tant de sites échouent. Retenons pour le moment que 32,2 % d’élèves quittent le site bilingue à la fin du premier degré. Alors, le site bilingue, est-ce un jeu des parents qui s’en désintéressent dès que l’enseignement de certaines matières leur deviennent incompréhensibles ?

La FCPE de Brumath s’engage à suivre de près l’évolution du site bilingue, et ce pour deux raisons :

  • soutenir les parents du site bilingues qui seront en difficulté ;
  • préserver au mieux les filières monolingues dans l’unique souci de respecter au mieux l’égalité des chances entre tous les enfants.

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